Modèles d’exploitations intelligentes dans l’agriculture durable
La fourniture d’aliments sains avec un impact minimal sur l’environnement nécessite une utilisation efficace des ressources naturelles tout en s’adaptant au changement climatique. La politique agricole commune de l’UE(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) doit évoluer pour prendre en compte la durabilité environnementale et l’action climatique en comprenant les modèles qui guident les critères de décision des agriculteurs.
Modélisation au niveau de l’exploitation
S’inscrivant pleinement dans la stratégie «de la ferme à la table», le projet MIND STEP(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), financé par l’UE, a pour objectif de développer des outils avancés permettant d’intégrer les données agricoles dans l’analyse politique. Le consortium a introduit des modèles bioéconomiques détaillés, des modèles de programmation mathématique au niveau de l’exploitation et des modèles d’optimisation économétrique. Ces modèles s’appuient sur les données individuelles des exploitations agricoles provenant du Réseau d’Information Comptable Agricole(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) européen, en attribuant des éléments de coût à des activités agricoles spécifiques. En combinant ces données avec des informations biophysiques, le projet a permis d’améliorer la répartition spatiale des exploitations agricoles représentatives et de développer des courbes de réponse de rendement pour les prairies en utilisant la télédétection et des données statistiques. Afin de saisir les aspects socio-psychologiques qui influencent les décisions des agriculteurs, MIND STEP a mené des enquêtes intégrant des facteurs comportementaux tels que les préférences en matière de risques. Un module de risque innovant a été mis en œuvre dans le modèle FarmDyn(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), permettant des évaluations intégrées des mesures de gestion agricole dans un contexte d’incertitude. «Nos modèles reflètent désormais mieux la diversité des comportements et des réponses des agriculteurs aux mesures politiques, ce qui permet de prédire avec plus de précision l’impact des politiques au niveau de l’exploitation», déclare John Helming, chef de projet.
Analyse complète des politiques
Compte tenu de la complexité des systèmes agricoles, MIND STEP a combiné des modèles bioéconomiques d’exploitation avec des modèles basés sur des agents, des modèles sectoriels agricoles et des modèles économiques globaux. Cette intégration permet une approche ascendante, partant des décisions individuelles des exploitants et s’étendant aux analyses régionales et nationales. «En associant des données détaillées sur les exploitations agricoles à des modèles économiques plus larges, nous pouvons évaluer la manière dont les changements de politique affectent non seulement les exploitations individuelles, mais aussi l’ensemble du secteur agricole et de l’économie», explique John Helming.
Recommandations en matière de politique agricole
Les recherches de MIND STEP ont permis de dégager plusieurs idées importantes qui pourraient influencer l’élaboration des futures politiques agricoles. L’une des principales recommandations est d’intégrer dans la modélisation utilisée par l’UE des modèles de prise de décision au niveau de l’exploitation et des variables spécifiques à l’agriculteur telles que l’âge, le revenu et le niveau d’éducation. Cela permet d’identifier les mesures politiques qui sont efficaces sur le papier et que les agriculteurs sont plus susceptibles d’adopter dans la pratique. Une autre conclusion importante est qu’en raison de l’hétérogénéité inhérente (ou des différences) entre les exploitations, en particulier en termes d’attitudes à l’égard du risque, de niveaux d’efficacité et de coûts marginaux d’épuration, des politiques uniformes de commande et de contrôle visant à réduire les émissions peuvent ne pas être rentables. Au contraire, les politiques fondées sur le marché doivent être adaptées pour refléter cette diversité afin d’obtenir de meilleurs résultats environnementaux et économiques. Le projet a également montré que l’introduction progressive de taxes sur les émissions serait le moyen le plus efficace de réduire l’utilisation d’azote minéral et les émissions de gaz à effet de serre. Les agriculteurs ont ainsi le temps de s’adapter, de planifier leurs investissements et d’adopter des stratégies d’atténuation. En outre, le réinvestissement des recettes de ces taxes dans des technologies d’atténuation peut permettre de réduire les émissions dans l’ensemble du secteur. «Collectivement, nos recommandations soulignent l’importance d’intégrer les données et les modèles des exploitations individuelles dans la conception de politiques agricoles efficaces et ciblées», souligne John Helming. Fort du succès de MIND STEP, le développement de modèles bioéconomiques au niveau de l’exploitation se poursuivra dans le cadre d’autres projets Horizon de l’UE, tels que AgEnRes, BrightSpace, LAMASSUS et Act4CAP. L’étape suivante consistera à poursuivre le développement d’un cadre de modèles d’exploitation agricole en utilisant FarmDyn comme noyau.
Mots‑clés
MIND STEP, politique agricole, agriculture durable, ferme intelligente, modélisation au niveau de l’exploitation