Une modélisation collaborative pour de nouveaux engagements en matière de climat
Au cœur de l’accord de Paris, fleuron des efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique, se trouvent les contributions déterminées au niveau national(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (CDN) de chaque pays. Contrairement aux attentes, les politiques climatiques actuelles et les CDN qui les soutiennent ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs. Les pays du monde entier doivent réévaluer leur engagement à lutter contre le réchauffement planétaire et élaborer des CDN plus ambitieuses pour 2030 et au-delà. «Les CDN doivent être réalistes et ambitieuses, tout en répondant aux besoins du développement durable et de l’atténuation du changement climatique», note l’équipe de la KTH, dirigée par Francesco Gardumi. Des outils diversifiés et la contribution d’un large éventail de parties prenantes sont nécessaires. Le projet IAM COMPACT(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre), financé par l’UE, a cocréé un processus de recherche impliquant des scientifiques et d’autres parties prenantes afin d’exploiter des modèles d’évaluation intégrés(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) (IAM pour «integrated assessment models») et d’élaborer de nouvelles politiques climatiques.
Une infrastructure pour des IAM holistiques
Les IAM intègrent des caractéristiques de la société, telles que l’économie et le développement, afin d’éclairer les décisions politiques liées au changement climatique. Pour faciliter l’inclusion d’un plus grand nombre de non-scientifiques dans la prochaine phase d’élaboration des CDN, le projet a créé un échafaudage de communication. Les éléments de l’infrastructure de communication créée par les chercheurs et les autres parties prenantes comprennent l’écoute, l’échange, la modélisation, l’expansion et l’explication. Cette structure fructueuse a donné lieu à plus de 50 articles publiés dans des revues de premier plan, 22 vidéos de documentation sur les modèles, des rapports sur les objectifs d’atténuation à long terme aux niveaux mondial et régional, et de nombreuses conférences, événements politiques et notes d’information.
Le mécanisme de réponse politique
Ces résultats positifs reposaient sur une base solide d’écoute. Selon Natasha Frilingou, gestionnaire du projet, le mécanisme de réponse politique(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) est au cœur de la composante «écoute». Natasha Frilingou ajoute: «Ce mécanisme constitue un outil précieux à l’interface entre la science et la politique, un processus de cocréation qui a facilité non seulement nos échanges internes, mais aussi notre collaboration avec les parties prenantes externes.» Il s’agit d’un processus cyclique impliquant des rôles clairement identifiés: modélisateurs, groupes de pilotage politique et groupes de travail de base composés d’acteurs de la politique technique, de l’industrie et de la société civile. Ce processus garantit la pertinence des politiques, l’échange de connaissances et la confiance entre les parties concernées. Comme le souligne Conall Heussaff de Bruegel, responsable de l’engagement des parties prenantes: «Le processus de recherche mis en place dans le cadre de IAM COMPACT a été entièrement piloté par des non-scientifiques et cocréé avec eux via le mécanisme de réponse politique dans une série d’échanges avec différents groupes d’acteurs externes.»
Développement des capacités internationales
«Certains pays éprouvent des difficultés à réaliser des évaluations techniques qui garantissent la pleine appropriation de leurs CDN», note Solomon Tesfamariam de l’université d’Addis-Abeba. Les partenaires du projet ont travaillé avec l’Éthiopie, le Kenya, le Sri Lanka et l’Ukraine pour cocréer des politiques climatiques fondées sur la science et adaptées à ces pays. «L’ensemble des nouveaux modèles, entièrement libres et disponibles gratuitement, développés par le projet comprend deux outils de modélisation de l’électrification spatiale et du nexus pour l’Éthiopie, un modèle de système climat-terre-énergie-eau pour le Sri Lanka et un autre pour le Kenya, ainsi qu’un modèle de système énergétique pour l’Ukraine», ajoute le coordinateur du projet, Alexandros Nikas. L’échange de connaissances s’est également traduit par la formation de nouveaux experts. IAM COMPACT a mis l’accent sur la formation des jeunes esprits dans les quatre pays cibles. Ioannis Tsipouridis, de l’université technique de Mombasa, ajoute: «Un cours de six mois sur la modélisation des nexus a été proposé à trois universités kényanes, et une session de renforcement des capacités a été organisée à la Joint Global Summer School(s’ouvre dans une nouvelle fenêtre) au CIPT en août 2024.» Le projet est en cours, mais son approche holistique et cocréative a déjà donné de nombreux résultats positifs. Tous les pays doivent intensifier leur lutte contre le changement climatique, et l’approche d’IAM COMPACT offre une voie à suivre.
Mots‑clés
IAM COMPACT, CDN, mécanisme de réponse politique, IAM, modèles d’évaluation intégrés, accord de Paris, contributions déterminées au niveau national